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  • Photo du rédacteurBrounïak

Nouvelles confinées !

Vous êtes habitants de la CC3M et intéressés par notre résidence artistique «  LES HÔTES ».

Notre résidence, comme beaucoup d’autres activités, est suspendue pour l’instant. Nous travaillons à envisager au mieux notre retour parmi vous. Dans l’attente de se retrouver, nous voulions garder le lien en partageant par exemple un peu de notre quotidien artistique réinventé. Nous vous proposons donc deux témoignages pris au vol, et espérons vous retrouver bientôt pour partager du concret et de l’émulation poétique. 

A 20h / Sébastien COSTE

J’habite au quatrième étage d'un immeuble. Tous les soirs à 20h, il y a assez peu d'applaudissements pour accompagner le rendez-vous collectif de soutien. Alors, en lien avec des voisins mélomanes, ce fut l’occasion d’inventer un autre petit rituel. Tous les soirs à 20h, je joue un morceau de saxophone à la fenêtre de mon appartement. Chaque soir un morceau différent, une couleur différente.

C’est pour quoi faire Monsieur ? 

Rien, et tout à la fois, une mélodie, un petit défi, un caillou dans l’eau, un cadeau, un appel, un clin d’œil. 

Pourquoi faire de la musique à sa fenêtre, à une période où toutes les priorités sont bouleversées dans le monde entier ? 

Jouer quelques minutes de musique à sa fenêtre, le geste anecdotique par excellence, un rendez-vous presque invisible pour faire vibrer l’air, pour proposer un lien entre nos solitudes, nos voisinages, pour faire l’oiseau, pour habiter un quartier. 

Chers hôtes de la CC3M, chaque soir quelques notes s’envolent vers vous. Tendez l’oreille et prenez soin de vous.

A 20h / Camille PERRIN 

Confiné au troisième étage d’une grande maison à Nancy. Appartement lumineux, le parquet boisé reflète le soleil toujours généreux. D’un côté la rue vidée, de l’autre un jardin partagé. Le chant des oiseaux, jours et nuits. 

J’aime sortir le soir vers 19h15, utiliser cette heure de liberté surveillée pour marcher autour du canal, sur « la voie verte » comme ils disent.  

On y croise pas mal de gens. De plus en plus en fait. Les petits coins de chemins tranquilles se partagent tous les jours un petit peu plus.

Pas désagréable. Tous les jours des nouvelles têtes, mais souvent les mêmes personnes. On se connait maintenant. On se salue, on se sourit. Barré par plusieurs ponts pour passer d’une rive à l’autre, le canal m'offre le choix du trajet. Tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, commençant par la rive gauche ou par la rive droite, en fonction du soleil et des ombres qu’il dessine.  

Par dessus tout, j’aime calculer mon itinéraire en fonction de l’heure. Il est impératif que je retrouve les rues proches du faubourg des 3 maisons vers 19h55. Je marche seul au milieu de la rue et j’attends le signal. A 20h précise, les gens sortent leur petite tête des balcons et fenêtres. 

Immanquablement ils se mettent à applaudir pour remercier le personnel hospitalier, bien sûr, qui oeuvre pendant que je goute à une pré-retraite inattendue, je le sais. 

Mais à chaque fois, une émotion me traverse, mes poumons se remplissent comme d’une joie invisible, et toutes mes cellules se dilatent ! Et je salue, j’agite mes mains : je fais comme-au-spectacle ! Bien sûr, car il me manque celui-là ! Le spectacle et ses applaudissements, je me souviens quand ils nous étaient destinés, quand après avoir joué, le public nous rendait la pareille... Alors je me marre et je fais comme si…  Dans ma tête je fais semblant, je fais une courbette, quelques révérences imaginaires.  

Et je me souviens qu’il peut être très fort ce moment-là… Quand j’ai fini, que tout est dit, que le masque est tombé et que je dois vous saluer. Noir. Fin. Rideau. 

Vivement !! 

La compagnie Brouniak : www.brouniak.com



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